Nous nous endormons
tous les deux et ne nous rendons même pas compte de la sortie du jeune homme.
Ce que l'on entend bien par contre c'est la montée d'un monsieur d'une
cinquantaine d'année à Tioumen à 2h30 du matin. Quel bourrin! J'ouvre la porte
en grand et en la claquant, je sors toutes mes affaires soigneusement rangées
dans des sacs plastiques, je fais le lit en faisant le plus de bruit possible
et bien sûr je parle à haute voix. Je retente un "English" et je me
prends un "niet russian" très classe. Derrière lui attend un autre
monsieur qui s'installe en haut sans qu'on ne s'en rende compte. Tout le monde
trouve le sommeil. Mais à 7h, la porte s'ouvre en grand, whaï nos yeux! Le bruyant
compagnon de chambrée nous la refait à l'envers car il descend bientôt. Tout ça
pour 4h30 de voyage!
Le réveil se fait en
douceur, notre voisin du haut baragouine quelque chose et voit nos visages
incrédules, il esquisse un sourire et part petit déjeuner dans une cabine
voisine. On tentera de communiquer tout à l'heure, le train train reprend son
cours.
À Omsk, un homme de
notre âge (un jeune quoi!) prend la banquette libre en bas. Au milieu de
l'après midi, l'ami de notre voisin du haut entre en scène. Il avait déjà tenté
de communiquer avec nous mais seulement avec des good morning et good evening
on ne va pas loin. Maintenant il nous parle en russe du Baïkal et d'Oulan-Oude
où il s'arrête (après Irkoutsk) et nous montre une vidéo sur son téléphone avec
des ours polaire qu'il a pu filmer. Il continue à parler russe et se tourne
surtout vers Maud. Il finit vraiment par nous saouler et il gonfle même le
jeune qui lui prête un bout de banquette à côté. Vassily, le jeune homme, nous
explique par 3-4 mots d’anglais qu'il complimente Maud et il va même jusqu'à
lui donner son numéro de téléphone. J'oubliais l'essentiel, il avait la 50aine,
rondouillard et particulièrement peu aidé par dame nature...et en plus lourd! Nicolaï
de son prénom, nous laisse. Vassily éclate de rire et nous mime l'homme
barbant, on est bien d'accord.
Au moins, ça aura
permis d'ouvrir le dialogue avec Vassily qui transit pour le travail entre Ekaterinbourg
(sa maison), Omsk et Novossibirsk où il descend ce soir. C'est un chasseur,
mais pas le petit, le vrai chasseur! Il nous montre quelques gibiers tirés dans
la taïga, ses chiens devant deux gros sangliers (on lui montre une photo d'Eliot)
et surtout une vidéo de lui et ses compères en "char" dans la taïga
enneigée partis construire d'énormes cabanes de chasse. Il nous montre aussi
les chevaux qui lui servent à chasser ainsi que sa petite famille (une fille et
un bébé en route). Il parle quelques mots d'anglais et même des rudiments de
français. Il a envie d'en savoir plus sur nous et la France et ne comprend pas
trop pourquoi on prend ce train très lent pour faire ce long voyage. Difficile
d'expliquer que c'est pour notre plaisir quand lui fait une journée pour le
travail. Une belle rencontre qui se termine à Novossibirsk où un petit papy le
remplace. Mais c'est déjà 23h local, tout le monde au dodo.
J'oubliais la
présence de deux jeunes militaires dans le wagon; lors d'un bref arrêt, ils
sont descendus à la rencontre sans doute d'une partie de leur famille et sont
remonté les bras chargés de deux gros sacs. 10 min plus tard, ils distribuaient
à tous les passagers du train des petites brioches très sucrées.
Moment
vraiment sympa!
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